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Culture pour tous

L’audiodescription : point tournant dans l’accessibilité des musées Publié le : 25 janvier 2022

Par Mélanie Jannard


Pour les personnes ayant une déficience visuelle, l’audiodescription est nécessaire afin d’entrer en contact avec la culture. Mais qu’en est-il de l’accessibilité des contenus patrimoniaux, et plus précisément de ceux des expositions présentées par les musées d’histoire et de société ? C’est autour de cette question que s’articule le projet AD au musée, qui fait partie de la sixième cohorte du Lab culturel.

En matière d’offre muséale disponible pour les personnes malvoyantes, « le constat est très simple : les visites ne sont toujours pas adaptées, et il est rare que les contenus soient accessibles », explique d’entrée de jeu la muséologue Julie-Anne Côté. La commissaire indépendante déplore le peu d’outils à la disposition de ce public dans son milieu, notamment dans le secteur patrimonial. Sa collègue Noémie Maignien, médiatrice culturelle et doctorante en muséologie, précise que la notion d’accessibilité universelle, perçue comme étant de plus en plus large, est aussi de plus en plus valorisée. Toutefois, les musées ne connaissent pas toujours les enjeux vécus par la population concernée, ni les ressources pour adapter leurs contenus. AD au musée s’est donc dessiné comme un projet exploratoire visant à instaurer l’accessibilité des contenus muséaux pour les personnes aveugles et malvoyantes ainsi que de sensibiliser le milieu muséal et l’informer sur les solutions possibles, notamment en passant par l’audiodescription, sur laquelle le duo de chercheures s’est penché.

Comment « faire parler » le contenu muséal ?

« Lorsqu’on fait l’audiodescription d’un film ou d’une série, on va raconter ce qui se passe à l’écran, de sorte qu’une personne qui ne voit pas puisse comprendre les éléments visuels devant elle. Mais quand on part d’un contenu historique ou patrimonial, il y a des éléments de contexte à donner », explique Noémie Maignien, soulignant l’aspect innovateur du projet. Largement utilisée en cinéma et en télévision, l’audiodescription a pourtant été très peu adaptée aux collections vidéos des musées comme les archives, les entretiens ou les documentaires. Le défi consiste à inclure une piste audiodescriptive efficace dans une vidéo qui possède déjà sa propre narration. Pour l’exercice, c’est la voix de synthèse qui a été utilisée.

Les coûts élevés que représente l’audiodescription lue par des comédiennes ou comédiens freinent parfois les organisations à rendre leur contenu accessible. Mais au-delà des préoccupations financières, « les voix de synthèse sont appréciables, car elles permettent de dissocier la voix humaine qui fait partie de l’histoire et la voix off, qui en fait la narration » mentionne la doctorante. Elle précise que ce n’est pas nécessairement unanime, que cela dépend des contextes. S’il y a encore beaucoup de progrès à faire dans ce domaine, il y a définitivement un avenir dans la voix de synthèse, qui s’apparente de plus en plus à une voix naturelle et non à celle d’un robot. Par ailleurs, si l’audiodescription est un atout, elle n’est pas la seule mesure à mettre en place en termes d’accessibilité. Toutes les options de solutions sont à considérer pour rendre un maximum de contenus muséaux accessibles, aussi efficacement que possible. En ce sens, les voix de synthèse permettent aussi une exécution plus rapide des projets.

Une année d’apprentissages et de collaborations

En 2021, c’est au fil de discussions avec d’autres organisations et d’une variété de collaborations pertinentes stimulées par le Lab culturel que s’est précisé le prototype du projet AD au musée, entre autres avec Technoleads, agence montréalaise spécialisée en audiodescription, différents musées du Québec, la Ville de Montréal, le Centre des mémoires Montréalaises et le Regroupement des aveugles et amblyopes du Montréal métropolitain, avec l’aide duquel une analyse des besoins a été réalisée auprès du public cible.

Les particularités et les défis de l’accessibilité universelle au musée et en culture sont multiples, et le simple ajout d’audioguides traditionnels à une exposition ne suffit pas. En développant une manière rigoureuse de rendre accessibles des contenus historiques et patrimoniaux et en adoptant une approche de recherche fondée sur l’écoute de groupes marginalisés, AD au musée lance un message : en amont même de la création d’une exposition, il est nécessaire d’identifier les besoins de la population entière, de manière équitable, pour garantir à toutes et à tous la meilleure expérience possible dans nos musées.


Soutenu par le Lab culturel

Le Lab culturel a été initié par Culture pour tous dans le cadre d’une mesure du Plan culturel numérique du Québec du ministère de la Culture et des Communications.

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