Par Mélanie Jannard
Située dans la magnifique région de Charlevoix, la municipalité de Saint-Siméon présente une offre culturelle inédite depuis l’ouverture du Centre d’exposition Inouï. C’est dans l’objectif de permettre à la population locale de profiter d’activités de médiation culturelle et d’expositions, autant que pour attirer des gens de passage, que le projet s’est concrétisé en juin 2021.
Se logeant dans l’ancienne épicerie du village, le Centre Inouï a l’ambition de provoquer des rencontres insoupçonnées entre le patrimoine, l’art actuel, les artistes et la population. Plus qu’un espace d’exposition, c’est un lieu de rassemblement et de discussions qui vivifie la communauté et qui valorise la richesse du patrimoine local. Depuis son ouverture, le centre a déjà présenté une grande exposition thématique et trois autres, de plus petite envergure, dans sa seconde salle. Ces dernières visent à mettre en lumière les talents locaux et la relève en art actuel.
Pour rejoindre le public de Saint-Siméon, la promotion de ces événements s’est faite davantage par les voies traditionnelles, dont le bouche-à-oreille, que par les réseaux sociaux. « Je me suis aperçue qu’il fallait vraiment aller voir les gens sur les lieux de leurs activités », affirme sans hésiter la chargée de projet et médiatrice culturelle Katherine-Josée Gervais, qui s’est promenée de la quincaillerie au terrain de pétanque, en passant par le Club de l’âge d’or, pour inviter la population à se familiariser avec son nouvel établissement culturel. Pour l’équipe, le défi d’implanter un centre d’art au cœur du village se fait en douceur. Bien que certaines personnes aient pu, en effet, être méfiantes devant l’inconnu et réticentes envers cette initiative, plusieurs étaient favorables. C’est en organisant des évènements rassembleurs, en y invitant les générations à se rencontrer et en mettant à profit le bagage et les expériences de chacun afin d’enrichir ses expositions que le Centre Inouï gagne en popularité. La prochaine exposition, sur la nordicité, devrait d’ailleurs faire jaser…
Le potentiel artistique du Ski-Doo
« On a une collection de motoneiges anciennes, appartenant à un résident de la municipalité de Saint-Siméon, qu’on souhaite exposer. On va faire un appel à tous pour avoir des photos, des affiches, des anciens casques… », explique avec enthousiasme la médiatrice culturelle, relevant l’importance d’inclure la communauté dans la mise sur pied des expositions et d’ainsi valoriser leur participation. Elle mentionne aussi la pertinence d’avoir une offre extrêmement variée regroupée sous un même toit : « Quand les gens viennent voir la collection de motoneiges ou de bateaux, ils se retrouvent à côté d’une œuvre d’art. Ils n’ont pas le choix de la regarder ! » Ce dialogue entre artefacts patrimoniaux et art actuel permet la rencontre.
Pour le moment, les membres de la communauté qui participent le plus aux activités du centre sont les personnes âgées. L’équipe n’avait pas nécessairement « planifié » une tranche d’âge en particulier, espérant recevoir la population de Saint-Siméon dans sa diversité, mais c’est ce public qui s’est dessiné naturellement en début de projet. Toutefois, de plus en plus de familles fréquentent le lieu.
Un soutien enrichissant pour un projet en pleine mouvance
L’équipe d’Inouï a été fortement interpellée par la thématique de l’inclusion dans le cadre du Lab culturel puisqu’elle porte cette valeur en son cœur. Ouvrir un centre d’exposition dans cette région, où l’accès à la culture est restreint, nécessite d’inclure une population mitigée quant à sa valeur et son potentiel. En plus de la bourse offerte par le Lab culturel, appui financier important qui a permis au projet de se déployer, les nombreuses formations offertes ont été très enrichissantes. L’implantation d’une telle structure n’est jamais sans surprises, et l’accompagnement personnalisé de chaque projet de la cohorte a été fort apprécié.
Mentionnons que, au départ, le projet visait à offrir des ateliers de création de vidéos d’entretiens entre les jeunes de la région et des artistes. L’équipe a vite constaté que les ados du coin travaillent en grande partie pour l’industrie touristique tout l’été. « Brainstormer avec l’équipe, ça aide beaucoup… à garder espoir ! », conclut Katherine-Josée Gervais, qui ne laisse pas ces quelques embuches de début de parcours l’arrêter. Le Centre Inouï trace un nouveau chemin : avec le temps, de plus en plus de personne oseront l’emprunter.
Soutenu par le Lab culturel
Le Lab culturel a été initié par Culture pour tous dans le cadre d’une mesure du Plan culturel numérique du Québec du ministère de la Culture et des Communications.
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