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Culture pour tous

De la visibilité pour les danseurs des diversités Publié le : 22 avril 2022

Crédit : Juan Briceño

Par Mélanie Jannard


En 2019, la danseuse et chorégraphe Ariana Pirela Sánchez lançait #100ShortDancesProject. Il s’agissait d’enregistrer de courtes vidéos présentant 100 danses en 100 jours et de les diffuser dans les canaux qui lui étaient accessibles.

La pandémie aura radicalement bouleversé le monde de la danse, discipline artistique faite de contacts, de proximité et d’élans spontanés. Pour Ariana Pirela Sánchez, cet arrêt forcé a été l’occasion de repenser sa pratique. Pendant cette pause elle a voulu donner une continuité à ce projet de 2019 en l’ouvrant à plus de danseurs. Ce fut le point de départ de ses réflexions sur l’accessibilité aux outils numériques et la nécessité pour les artistes de s’en servir pour accroitre leur visibilité.

Le pouvoir transformateur de l’art

C’est à des danseurs qu’on ne voit généralement pas sur les planches qu’Ariana Pirela Sánchez a voulu donner la parole et fournir les outils leur permettant de s’exprimer et de s’exposer. Dans sa propre pratique, elle a toujours été de ceux qui initient les projets. Son autonomie et son indépendance lui ont permis de s’approprier une part de la scène sans attendre qu’on frappe à sa porte. Devant le constat que les minorités, visibles et invisibles, étaient nettement sous-représentées dans les spectacles de danse, le projet réalisé avec le Lab vise à doter ces danseurs de la même autosuffisance et de l’esprit d’entreprise qui l’habitent. Elle explique : « Mon projet a un potentiel d’impact social. Ça revient toujours au pouvoir transformateur de l’art: comment je me suis transformée, comment les autres se transforment, et comment la société se transforme à travers ce que l’on voit. Nous avons besoin de modèles et de représentations de nos diversités. » C’est donc une séance de formation intensive et collaborative pour favoriser la différence sur les écrans et les scènes qui a été offerte à une cohorte d’interprètes aux pratiques variées. Les participantes et participants du groupe-prototype furent ainsi guidés et outillés dans la création de contenus vidéo dansés.

Par des exercices de création collective axés sur les forces et particularités de chacun, Ariana a souhaité favoriser chez eux une prise de conscience du pouvoir de changement des arts en général, et plus particulièrement de la danse. Une transformation où s’incarne la reconnaissance de la beauté des différences. À chacun, la chorégraphe aura ainsi accordé une attention particulière pour l’amener à découvrir son unicité et lui proposer des pistes pour travailler la chorégraphie et le point de vue de la caméra, en cohésion avec cette singularité. La formation vise aussi à donner à chacun une certaine autonomie, par la pédagogie et la création artistique. « Moi, explique-t-elle, je vais guider ces danseurs, [qui vont ensuite] apprendre à se faire guider par la caméra et à voir la différence entre le rapport à la caméra et le rapport à la scène. [Ces outils] vont ensuite leur permettre de produire eux-mêmes des contenus s’ils le souhaitent. »

La découvrabilité, un enjeu de diversité

L’objectif premier du projet était de faire en sorte que les danseurs soient en mesure de produire des contenus crédibles, de niveau professionnel, pour accroitre leur visibilité dans le milieu. Le second consistait à trouver des voies de diffusion numérique qui rendent ces vidéos découvrables, au même titre que les contenus de danse « reconnus ». Ce travail de repérage et de stratégie s’accomplit en groupe. Grâce à l’expérience de tournage que leur procure le programme créé par Ariana Pirela Sánchez, tous les participants ressortent de l’expérience habilités à produire des créations filmées de qualité, aptes à se tailler une place dans l’offre foisonnante de contenus audiovisuels. La facilité de diffusion qu’offre les réseaux sociaux n’est cependant qu’un versant de la découvrabilité. L’autre amène à voir ces danseurs prendre place sur les scènes, vers l’atteinte d’une représentation plus juste de la diversité. « Il faut accroître [la diffusion] pour que les communautés – de la danse, artistiques, culturelles et citoyennes – sachent que ces artistes existent et développent un travail de qualité. »

Souhaitons avec Ariana Pirela Sánchez que les transformations vécues par le milieu de la danse dans les deux dernières années seront l’amorce d’une mutation profonde, et qu’entreront dans la danse, dans les lieux de diffusion majeurs, les groupes actuellement trop peu présents sur les planches.


Soutenu par le Lab culturel

Le Lab culturel a été initié par Culture pour tous dans le cadre d’une mesure du Plan culturel numérique du Québec du ministère de la Culture et des Communications.

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