
Depuis avril dernier, Mediafilm travaille à l’élaboration d’un projet innovant incubé au Lab culturel de Culture pour tous. Objectif ? La création d’une boîte à outils pédagogique numérique, attrayante et pratique, visant à accompagner enseignant·e·s et élèves du secondaire dans leur découverte du cinéma.
Commençons par le commencement. Qu’est-ce que Mediafilm ? C’est un organisme dédié à la promotion du cinéma de qualité et au développement du sens critique des spectateur·trice·s, et ce, depuis 1955. Composé d’expert·e·s en cinéma et de critiques, l’organisme se spécialise dans l’analyse des films d’ici et d’ailleurs qui sortent au Québec, que ce soit en salle, sur les plateformes de diffusion en continu ou à la télévision.
En 2009, Mediafilm a mis sur pied le programme CinÉcole, qui lance la communauté scolaire du secondaire dans la découverte du cinéma de qualité. Dix mille élèves et plusieurs centaines d’enseignant·e·s se déplacent chaque année pour assister à une séance dans un cinéma de leur région. Animées par Olivier Lefébure, ces rencontres effervescentes ont révélé un besoin pressant: celui de poursuivre la discussion en classe. En ce sens, comment offrir aux enseignant·e·s toutes les ressources dont ils ont besoin pour fortifier et approfondir l’expérience avec leurs groupes? C’est là que le projet de boîte à outils prend tout son sens, puisqu’il vise à centraliser tous les outils d’éducation à l’image disponibles en ligne.
La boîte à outils: un travail collaboratif
Le calendrier de réalisation se décline en plusieurs étapes. D’abord, il s’agit d’acquérir une compréhension commune du projet, de récolter les idées et d’identifier les besoins. Pour ce faire, Mediafilm a convoqué plusieurs collaborateurs·trices afin de dresser un premier canevas de travail. Il faut ensuite valider les éléments nécessaires à la boîte à outils, c’est-à-dire définir ce qu’on souhaite y retrouver, comment elle pourrait être construite, quelle forme concrète elle pourrait prendre, etc. Une fois le prototype créé, l’équipe testera l’outil sur le terrain afin de recueillir une rétroaction des usagers, c’est-à-dire les enseignant·e·s du secondaire et leurs élèves. La livraison est prévue pour le printemps 2021.
Le processus, vous l’aurez compris, exige une approche patiente et concertée. « On a voulu rassembler différents acteurs et actrices du milieu du cinéma, de l’éducation et de la médiation culturelle. Des gens avec de l’expertise sur le terrain, mais également des théoriciennes et théoriciens » explique Camille Trembley, chargée de projet éducation et numérique chez Mediafilm. Parmi les collaborateur·trice·s, on compte des médiateur·trice·s culturel·le·s, des chercheur·se·s-enseignant·e·s et des professionnel·le·s du milieu du cinéma. Mediafilm inaugure ainsi un véritable espace de dialogue qui transcende les paramètres de ce projet et dont la communauté de pratique constitue le cœur battant.
Les idées circulent entre les différent·e·s intervenant·e·s grâce à l’utilisation de Passerelles, une plateforme québécoise qui permet les échanges sur la base de la souveraineté numérique, portée par le TIESS – Territoires innovants en économie sociale et solidaire. Il est ainsi possible de faire un suivi serré de l’évolution du projet et de poursuivre les réflexions en groupe.
À ce jour, les échanges ont permis d’identifier des enjeux de taille, dont le manque de formation du personnel enseignant au langage du cinéma et l’inaccessibilité d’outils et de ressources pour l’éducation à l’image.1 La discussion a également fait ressortir un élément crucial : « Un projet comme celui-là devrait être rapidement porté à la connaissance des institutions gouvernementales, dont le ministère de l’Éducation, dit Camille Trembley. Nous espérons vivement mettre en lumière l’impact et l’importance d’une intégration plus systématique de l’éducation à l’image à l’intérieur même du cursus scolaire. »
En effet, Mediafilm ne prévoit pas s’arrêter là. En plus du secondaire, terrain de jeu privilégié du programme CinÉcole, l’équipe imagine déjà les moyens par lesquels elle pourrait conquérir les niveaux primaire, collégial et même universitaire. D’ici là, l’équipe du Lab culturel suivra de près le développement du projet, qui, pour sûr, en inspirera plusieurs !
1 Voir Caroline Martin, L’enseignement du cinéma dans la classe d’arts plastiques. Deux études de cas d’écoles secondaires de la province de Québec. Université Concordia Montréal, Québec, Canada (résumé).
Soutien du Lab culturel
- aide financière de 20 000 $;
- accompagnement professionnel d’une valeur de 5 000 $;
- mise en relation avec différents expert·e·s et partenaires;
- contribution au rayonnement du projet.
Le Lab culturel a été initié par Culture pour tous dans le cadre d’une mesure du Plan culturel numérique du Québec du ministère de la Culture et des Communications.