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Jouer dehors Publié le : 1 mai 2013

Crédit : Marianne Pointner

Apprendre à danser hors des sentiers battus

Michel Lefebvre – Mai 2013

La danse sur les routes du Québec travaille depuis 1998 à l’amélioration et à l’accroissement de la diffusion de la danse. Avec le programme Jouer dehors mis en place en 2010, son objectif est de développer le marché de la danse au Québec tout en améliorant le savoir-faire et le savoir-être des compagnies de danse.


Depuis 2010, plus de dix-huit artistes et compagnies de danse ont pu bénéficier du programme Jouer dehors pour élargir leur diffusion et accroître leur expertise en présentant une performance hors des sentiers battus, dans des espaces publics tels que des sites naturels, touristiques ou patrimoniaux, des parcs, des festivals de rue, des cafés-terrasses, etc. Plus d’une vingtaine de diffuseurs québécois, dont la moitié n’avaient pas l’habitude de programmer de la danse, ont ainsi contribué à élargir le réseau de diffusion de cette discipline artistique.

« L’idée du programme Jouer dehors visait à positionner la danse auprès d’une multitude de nouveaux diffuseurs, explique Paule Beaudry, directrice de La danse sur les routes du Québec. On a toutefois réalisé que les compagnies de danse avaient besoin de soutien pour l’aspect organisationnel de leur diffusion. C’est pourquoi Jouer dehors accompagne aujourd’hui quelques compagnies pendant plusieurs mois. »

La danse sur les routes du Québec (La DSR) est un organisme issu d’une démarche entreprise dans les années 1990 lors de la définition d’une politique de diffusion des arts de la scène au Québec. Des états généraux de la danse ont eu lieu et le constat exprimé par certaines compagnies professionnelles, qui diffusaient de plus en plus à l’étranger, était qu’on les présentait peu au Québec et principalement dans les grands centres. « Il y avait un essor fulgurant de la nouvelle danse et il fallait lui permettre d’aller à la rencontre des communautés du Québec, explique Paule Beaudry. Nous avons d’abord cherché à mettre en place un système permettant le dialogue entre les artistes et les diffuseurs, puis ce dialogue s’est élargi ensuite avec les communautés. »

Jouer dehors… Un programme collectif de développement professionnel

Jouer dehors démarre en 2010 sous l’égide de La DSR avec le soutien de la CDEC Centre-Sud/Plateau Mont-Royal. La coordonnatrice actuelle du programme, Marie Bernier, s’est jointe au projet après les deux premières années. C’est elle qui met aujourd’hui son expertise en diffusion et en production dans le milieu des arts de la scène au service des compagnies de danse, dont près de la moitié proviennent de la relève ou sont en émergence. Elle veille aux activités de formation, au développement de marchés et à l’accompagnement des compagnies tout au long du processus.

crédit photo : Harmonie Fortin-LéveilléLe cycle du programme se déroule comme suit. Chaque année, Jouer dehors lance un appel de propositions et les compagnies sont sélectionnées sur la base d’un projet de création chorégraphique prêt à être diffusé. Les compagnies choisies suivent une première journée de formation où l’on y présente les enjeux, les conditions de la diffusion ainsi que le type de relations professionnelles nécessaires à l’organisation d’une série de spectacles hors des lieux traditionnels de diffusion de la danse au Québec. Le deuxième volet de l’accompagnement concerne l’aspect organisationnel, avec la constitution d’une offre de services, la production d’une vidéo promotionnelle, l’organisation de rencontres avec les réseaux de diffuseurs, la production de devis techniques, la recherche de financement, la négociation de contrats, etc.

Le programme Jouer dehors fait alors l’objet d’une promotion globale avec l’ensemble des propositions artistiques de l’année auprès de quelque 500 personnes différentes dans les municipalités, les centres culturels, les festivals, les sites patrimoniaux, etc. Marie Bernier effectue ensuite le suivi auprès de cette multitude d’intervenants et de programmateurs afin d’évaluer leur intérêt et les avenues potentielles de diffusion pour chacune des propositions artistiques du programme.

Savoir-faire et savoir-être

Les compagnies de danse suivent étroitement le déroulement de ces discussions préliminaires, notamment par le biais d’une page Facebook qui leur est réservée. Marie Bernier conseille les compagnies en soulignant les bonnes pratiques à encourager tout comme les écueils à éviter. Qui pourrait être un autre partenaire? À quel point faut-il insister? Faut-il rappeler maintenant? « L’idée, explique Marie Bernier, est d’acquérir un savoir-faire et un savoir-être. Il faut faire en sorte que cette culture d’entreprise soit intégrée dans la façon même de fonctionner des compagnies. Ce sont souvent de petites compagnies où les danseurs et chorégraphes sont aussi responsables de la diffusion, de la mise en marché, de la promotion et de la création. »

L’accompagnement se fait auprès des compagnies de danse, mais Jouer dehors demande qu’une seule personne serve de relais tout au long du processus. C’est ainsi que la danseuse Raphaëlle Perreault de Danse Carpe Diem du chorégraphe Emmanuel Jouthe, a pu développer son expertise de travailleuse culturelle. « Le programme Jouer dehors a permis, explique Raphaëlle Perreault, d’établir des ponts étroits, des échanges qui permettent d’aller out of the box. Cet accompagnement a favorisé à 100 % le développement de la compagnie et de la vie artistique.» Entre autres expériences, elle a participé à la rencontre des diffuseurs du ROSEQ, un réseau de diffuseurs en région au Québec, qui cherche lui aussi à diversifier l’offre culturelle.

Par définition, le programme Jouer dehors offre des propositions de danse hors salle afin de provoquer de nouvelles rencontres des citoyens avec la danse. Et les propositions aujourd’hui se multiplient. Elles sont parfois déambulatoires, ou l’aire de jeu n’est pas nécessairement définie. Ce sont aussi des infiltrations dansées dans des lieux où l’on ne s’attend pas à voir une prestation de danse. « C’est dans l’air du temps de se rapprocher du public, explique Marie Bernier, et les jeunes danseurs et chorégraphes

ont cette volonté de créer après leur formation. Les conditions d’entrée dans le milieu des spectacles et de la diffusion professionnelle étant difficiles, les jeunes compagnies veulent aller à la rencontre de leur public directement où il se trouve. Cet auditoire n’est pas nécessairement celui que l’on retrouve en salle, mais les compagnies ont fait ce choix d’aller dehors et elles l’assument.» Pour Raphaëlle Perreault, « il y a tout à la fois des enjeux de développement disciplinaire et des enjeux de médiation liés à cette intention d’aller vers le public afin de favoriser la compréhension de la danse. »

Au moment de présenter leur spectacle hors salle, les danseurs sont autonomes. Le voile se lève alors sur une foule d’inconnus, de passants anonymes, de promeneurs étonnés qui pour la plupart savourent cet instant privilégié qui leur est offert. « Pour le public, raconte Marie Bernier, c’est tout à la fois une surprise et un moment agréable. Leur sentiment partagé est souvent d’avoir eu la chance d’être au bon endroit, au bon moment. »


La danse sur les routes du Québec

logo_DSRQ_2013_FDepuis sa création, La danse sur les routes du Québec (La DSR) travaille à amener le public vers la danse, hors des lieux communs, en gagnant un à un les diffuseurs et les spectateurs.

Chaque année vers la fin novembre, La DSR organise un événement annuel de rassemblement, Parcours Danse. Il s’agit d’un programme de conférences et d’interventions artistiques où sont aussi conviés les diffuseurs de la danse du Canada. Le milieu de la danse québécois exerce ici un leadership et La DSR sert de modèle dans les autres provinces, la Colombie-Britannique ayant mis sur pied le même genre d’organisme, ainsi que l’Ontario et les Maritimes.

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