
L’exemple du court métrage comme projet culturel participatif vecteur de changements chez les jeunes
Gabrielle Desbiens, médiatrice culturelle – Mars 2015
La médiation culturelle a cette particularité de créer des liens entre les arts et différents secteurs d’activité humaine. Avec le programme Éveille ma culture de la Ville de Saguenay, une attention particulière est donnée aux relations avec les organismes communautaires œuvrant sur son territoire.
Dans cette optique, la directrice générale de la Maison de jeunes de La Baie, madame Louise Bouchard, a proposé à Éveille ma culture de collaborer à la réalisation d’un projet vidéo abordant le thème du recyclage. Madame Bouchard saisissait ainsi une opportunité offerte par le programme Ambassadeurs de la collecte sélective du Regroupement des maisons de jeunes du Québec, lequel fournissait la somme de 4 000 $ pour la mise sur pied d’un projet de sensibilisation sur la collecte sélective.
Initié par un bailleur de fonds dont le mandat concerne le développement des connaissances et de la sensibilité des Québécois sur le recyclage, ce projet devait nécessairement atteindre les objectifs du programme de subvention :
- Augmenter le nombre d’équipements de récupération des matières recyclables installés dans des lieux publics municipaux;
- Améliorer la performance (en quantité et en qualité) de la récupération des matières recyclables dans les lieux publics municipaux où des équipements de récupération de matières recyclables sont installés.
Nous avions à réaliser une activité de sensibilisation et avons opté pour le court métrage. La Maison de jeunes et Éveille ma culture avaient pour objectifs de :
- Permettre à des jeunes de participer à une démarche artistique en compagnie d’un artiste professionnel afin de développer des connaissances et des compétences culturelles chez les jeunes;
- Valoriser l’apport des jeunes dans la communauté;
- Améliorer l’estime, l’affirmation, la participation, la curiosité et le sentiment d’accomplissement des jeunes.
Nous nous sommes rapidement entendues quant à la qualité que pourrait prendre le projet en y impliquant un cinéaste professionnel. C’est ainsi que nous avons engagé Samuel Pinel-Roy, cinéaste de la relève saguenéenne. La Maison de jeunes de La Baie a également doublé le budget en embauchant, à ses frais, un coordonnateur, Jimmy Laberge, étudiant au programme Arts et technologies des médias du Cégep de Jonquière, qui a aidé Samuel dans sa démarche avec les jeunes.
Samuel a su développer avec les participants un brillant scénario présentant M. Chose, un homme ordinaire à la pensée ordinaire, qui recevra une leçon humoristique et intelligente de la part des jeunes de la Maison de jeunes concernant l’importance et la facilité de recycler ses objets.
L’implication d’Éveille ma culture consistait à faire le pont entre l’organisme communautaire et l’artiste pour le démarrage du projet, en assurant un suivi des échéanciers et en répondant aux besoins techniques et logistiques. La Maison de jeunes soutenait Samuel en matière d’intervention et de suivi auprès des 20 adolescents impliqués, âgés de 11 à 16 ans. Le coordonnateur engagé par la Maison de jeunes animait les activités et les rencontres avec le réalisateur, notamment dans la confection d’accessoires pour le film et autres démarches nécessaires au maintien de l’intérêt chez les participants.
Afin de bonifier la démarche et d’améliorer la connaissance des adolescents de leur milieu, nous avons rallié au projet deux partenaires locaux, soit le comité de l’environnement Eurêko pour un soutien-conseil en termes techniques sur la collecte sélective, ainsi que Caravane Films, le producteur du Festival REGARD sur le court à Saguenay. Ce dernier a invité les garçons et filles de la Maison de jeunes de La Baie à faire partie d’une programmation spéciale lors du Festival présentant des courts métrages réalisés par des jeunes dans des projets scolaires et de médiation culturelle, leur donnant une opportunité d’être diffusés professionnellement. En offrant ce rayonnement dans un cadre professionnel, nous bouclions la boucle d’un processus visant ultimement le renforcement de l’estime de soi et de la fierté des jeunes.
Le projet s’est réalisé à l’automne 2014, sur une période d’environ huit semaines. Les principaux obstacles rencontrés ont été :
- Un horaire sporadique pour réaliser le projet. Un horaire en continu aurait été préférable pour maintenir l’intérêt des participants;
- L’engagement des jeunes à être présents;
- Une communication efficace et sans doublons entre les partenaires.
Ce qui a facilité le processus :
- L’embauche d’un coordonnateur pour maintenir l’intérêt des jeunes entre les rencontres de production;
- Le rôle de la Ville, en tant que partenaire, facilitait les besoins logistiques;
- Le fait qu’un organisme amorce le projet: l’implication de l’équipe d’animation et d’intervention est essentielle;
- Que l’argent nécessaire au projet soit en banque au départ.
C’est l’implication des jeunes dans certaines étapes de l’élaboration du scénario qui a permis d’observer quelques impacts du projet. Ils ont pu mettre à profit leur créativité; ils ont eu énormément de plaisir à visionner le film lors de la première mondiale; ils ont ri beaucoup et étaient très contents de leur travail. Les parents qui ont assisté à la projection ont tous confié être impressionnés et fiers de leurs enfants.
La directrice des communications du programme des Ambassadeurs de la collecte sélective, madame Sophie Bergeron, est venue en personne pour féliciter les jeunes et leur avouer que le projet était un succès auprès des partenaires nationaux du programme : « Je paye des milliers de dollars à des firmes de publicité et jamais je n’ai reçu un travail aussi signifiant ni d’une telle qualité. C’est incroyable la réception des partenaires ! Bravo ! Vous mettez la barre haut pour les autres projets ! »
Enfin, notons que le choix de l’artiste avec qui nous avons travaillé fut déterminant dans la réussite du projet. Sans une ouverture à réaliser le tout au rythme des participants et à s’adapter au mode de travail communautaire, jamais nous n’aurions obtenu un produit qui représente aussi bien l’esprit des adolescents de la Maison de jeunes de La Baie.
En conclusion, un des jeunes qui s’est beaucoup impliqué derrière la caméra, Jeff Paradis, est désormais engagé à titre de membre du conseil d’administration de sa Maison de jeunes et, selon la directrice, madame Bouchard, ceci est directement lié à sa participation au court métrage La leçon de M. Chose. D’ailleurs, les jeunes désirent fortement réaliser la suite du projet, ce à quoi nous serons honorées de contribuer.
Le projet vu par Jason Côté, participant
« Bonjour, je m’appelle Jason Côté et j’ai 14 ans. Le rôle que j’ai joué dans le projet est Paul Côté, un personnage principal. J’ai participé à l’écriture du scénario et j’ai joué dans presque toutes les scènes ! J’ai beaucoup apprécié le tournage, que ce soit en dehors ou en dedans et j’ai aimé parler devant la caméra. Par contre, le tournage a été long, mais on a rigolé aussi. Je me suis senti super fier de participer à ce projet. J’ai montré le film à toute ma classe et à ma famille. »