Michel Lefebvre – Novembre 2012
Depuis 2005, la période de la rentrée scolaire dans les magasins Simons est imprégnée de la culture urbaine des arts de la rue avec la collaboration des artistes rattachés au Café-Graffiti, de Montréal.
Pour la septième année, en 2012, la période de la rentrée scolaire dans les magasins Simons était imprégnée de la culture urbaine des arts de la rue avec la collaboration des artistes rattachés au Café-Graffiti, de Montréal. Du 1er août à la mi-septembre, les étalagistes de ce grand magasin de mode font une place à cet organisme pour la création d’éléments visuels servant à l’aménagement des vitrines dans cinq magasins de la chaîne, à Montréal, Laval, Saint‑Bruno, Sainte‑Foy et Québec.
À l’origine, en 2005, la direction en présentation visuelle de Simons cherchait une collaboration artistique associée à cette esthétique de la culture urbaine pour cette période de l’année où la chaîne vise une clientèle junior. Elle s’est alors tournée vers le Café-Graffiti qui, depuis plus de quinze ans maintenant, constitue un pôle important de cette culture. Ainsi naissait une collaboration durable qui a permis à plusieurs dizaines d’artistes d’exercer leur pratique autour d’un projet différent, en fonction d’une direction artistique proposée par Simons en collaboration avec le Café-Graffiti.
Plusieurs thèmes, genres et techniques ont tour à tour été explorés au fil des ans. En 2006, les artistes ont personnalisé des planches à roulettes (skateboard). D’autres années, le thème visait la bande dessinée ou la création d’œuvres au pochoir. En 2010, les artistes ont vu leurs créations picturales montées sur des panneaux de plexiglas. En 2012, quatorze artistes ont réalisé trente-quatre projets avec des chaises d’école. Les étalagistes de Simons avaient préalablement sélectionné leurs maquettes parmi près de 250 projets soumis par une quarantaine d’artistes. Parmi eux, certains en sont à leurs premiers pas dans le milieu, mais d’autres mènent une vie professionnelle d’artistes. «Il y en a qu’on commence à reconnaître d’année en année, confie d’ailleurs la chef étalagiste Chantal Perron, ce qui démontre le genre de cheminement et d’appartenance qui s’est établi avec les artistes du Café-Graffiti. Nos équipes de présentation visuelle ont toujours hâte à cette collaboration annuelle.»
Pour bien des jeunes, affirme le directeur du Café-Graffiti, Raymond Viger, il s’agit d’une première réalisation professionnelle qui permet d’enrichir un portfolio naissant. En vitrine, Simons prend bien soin d’afficher correctement les crédits en mentionnant le nom de l’artiste et le titre de l’œuvre ainsi que le contexte de cette collaboration avec le Café-Graffiti. Cette marque de reconnaissance montre aux jeunes que l’expression à l’aide de bombes aérosol peut devenir un art lucratif pratiqué en toute légalité. Au terme de leur vie en vitrine, les œuvres sont retournées au Café-Graffiti qui les réutilise lors de ses diverses activités culturelles et qui les offre en vente, où là encore les artistes touchent un bénéfice.
Selon Raymond Viger, la communauté artistique autour du Café-Graffiti compte près de 400 personnes qui pratiquent le graffiti ou l’art de la murale, le hip-hop ou le breakdance. Les vétérans approcheraient maintenant de la quarantaine alors que les plus jeunes ont à peine 20 ans. Avec cette importante communauté d’artistes vibre une entreprise d’économie sociale qui combine l’offre artistique à des services d’intervention sociale auprès des jeunes, adolescents et adultes. Sous son ombrelle, le Journal de la Rue chapeaute le Café-Graffiti, la publication Reflet de Société et les Éditions TNT. Près de 25 travailleurs gravitent aujourd’hui au sein de ces organismes nés avec l’émergence de la culture urbaine associée à la pratique du graffiti, et leur financement est en grande partie basé sur l’organisation d’événements publics et l’offre de services artistiques.
Tout au long de l’année, le Café-Graffiti met ainsi en valeur le travail des artistes à travers un grand nombre de projets pour une clientèle diversifiée, comme celui réalisé en 2012 sur 350 pieds de palissades entourant le chantier du futur Planétarium près du Parc Olympique.
Du côté de chez Simons, la collaboration avec le Café-Graffiti souscrit à ses objectifs de favoriser la curiosité et l’esprit créatif, notamment en montrant le talent des jeunes. Simons collabore aussi avec les finissants de la maîtrise professionnelle en architecture de l’Université Laval pour un autre projet en vitrine. Les étudiants ont pour défi de créer un objet original qui reflète leurs préoccupations et leur vision du monde et dont la réalisation les confronte à la résolution de problèmes d’ordre technique et pratique. Ces objets sont exposés dans les vitrines du magasin de Québec puis vendus aux enchères au Musée de la civilisation de Québec, au profit de la faculté d’architecture.
Art, commerce et innovation font encore ici bon ménage.