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Médiation culturelle

Mission repérages à Saint-Didace – Quand un artiste et une mairesse se rencontrent Publié le : 1 décembre 2007

Richard Nicol – Décembre 2007

Inspiré par le projet français Mission repérages, le réseau Les Arts et la Ville lance la première édition des Laboratoires artistiques de développement local, un élu-un artiste à Saint-Didace au Québec et à Caraquet au Nouveau-Brunswick.


Lors de son colloque annuel en 2007, le réseau Les Arts et la Ville recevait Maud le Floc’h, urbaniste et codirectrice de la compagnie Off, troupe de théâtre de rue basée à Tours, en France. Elle y a présenté sa recherche-action intitulée Mission repérage(s), qui décrit les rencontres entre artistes et élus locaux menées dans treize villes françaises entre 2002 et 2005.

Inspirée par le projet, Nadine Lizotte, agente de recherche pour le réseau, a proposé de tenter une expérience de même nature, en milieu rural, au Canada. Caraquet et Bas-Caraquet au Nouveau-Brunswick ont été choisis, avec Saint‑Didace au Québec, pour prendre part à la toute première édition des Laboratoires artistiques de développement local, un élu-un artiste, mis sur pied, pour le volet acadien, avec le soutien de l’Association acadienne des artistes professionnels-les du Nouveau-Brunswick (AAAPNB).

Ces laboratoires artistiques consistent à orchestrer les conditions d’une nouvelle lecture du territoire, sous la forme d’une ballade d’une journée entre un‑e élu‑e et un artiste de l’extérieur, autour de thématiques liées au développement de la municipalité d’accueil.

Mission repérages, version québécoise

La première expérience au Québec s’est donc tenue en décembre 2007 à Saint-Didace, situé dans la région de Lanaudière et première municipalité à avoir adhéré au réseau Les Arts et la Ville. Sa mairesse est très dynamique et tout à fait convaincue de l’importance de la culture et des arts dans le développement et la vie municipale. Diplômée en art dramatique, comédienne et gestionnaire culturelle, elle a spontanément proposé la candidature de son village.

Mathieu D’Astous est l’artiste invité, auteur-compositeur-interprète, originaire du Nouveau-Brunswick. L’élue est la mairesse Isabelle Villeneuve; originaire de Montréal, elle s’est établie à Saint-Didace par choix.

Il y a des règles à suivre dans le cadre de ce laboratoire. L’élue doit préparer une visite du village. L’artiste, qui a reçu une trousse d’information sur Saint-Didace une semaine avant son arrivée, doit concevoir un parcours de découvertes et par la suite proposer des réalisations potentielles.

Isabelle Villeneuve a choisi quatre thèmes pour encadrer la découverte et la réflexion de l’artiste. Le parcours du village est construit autour des questions suivantes:

  • Mais où est-donc Saint-Didace?
  • Y-a-t-il trop d’arbres à Saint-Didace?
  • Que dit le silence de Saint-Didace?
  • Que fête-t-on à Saint-Didace?

La mairesse a d’abord a offert à Mathieu une promenade en traîneau à chiens, une rencontre avec le propriétaire d’un garage localisé en pleine forêt et propriétaire d’une voiture mythique, une Camaro 1978, puis une ballade en slay ride et un repas dans une érablière dont le tenancier est adepte de culture biologique.

L’artiste a écouté, regardé, analysé. Chacun devait faire un cadeau à l’autre. Isabelle Villeneuve a offert un sirop de framboise à Mathieu et ce dernier, un exemplaire de son CD récent à la mairesse.

Une rencontre publique

Vendredi soir, le troisième jour, la population était invitée à assister à un échange autour de ce laboratoire avec la mairesse et l’artiste. Le lieu de rendez-vous était l’église patrimoniale, magnifiquement située sur un promontoire, en plein cœur du village.

Chacun a d’abord présenté le fruit de ses réflexions, accompagné d’un diaporama illustrant des images de leur visite et esquissant les propositions de l’artiste pour le village. La mairesse voulait mettre en scène le village et ses habitants. Elle a récité le texte d’une chanson de l’artiste et y a trouvé un slogan pour le village: C’est pas fou se laisser aller, vers un nouveau rivage? L’artiste lui, estimait nécessaire de créer un centre, de doter le village d’un cœur. Il a aussi proposé de gigantesques sculptures musicales en forêt. Les imaginations étaient débordantes et l’atmosphère à la fois sérieuse et ludique.

Sous l’œil amusé d’un animateur chevronné, s’est ensuivi un véritable dialogue avec les citoyens qui ont fait part de leur vécu et fait connaître leurs propres suggestions. Pourquoi ne pas aménager un quai sur la rivière? Un autre suggère d’établir une passerelle entre les deux parcs. Si certaines apprécient la vitalité culturelle de Saint-Didace, d’autres estiment qu’il y a peu d’activités structurantes. Enfin, il est noté que la dispersion des habitants en petits hameaux au cœur d’un territoire boisé à 63% crée de l’isolement.

Devons-nous réaliser toutes ces suggestions pour nous ou pour attirer les touristes, demande l’un? La soirée se termine sur un accord unanime: la nécessité de se donner un lieu de rencontre. Un comité a été formé sur le champ. Comme quoi, la culture mène à tout!

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