Soufïa Bensaïd – Juin 2008
Située dans le quartier montréalais du Centre Sud, la compagnie Péristyle Nomade produit des manifestations artistiques diverses, toutes imbriquées dans le tissu social du quartier.
Péristyle Nomade, créateur de lieux de rencontre, a su rapprocher les artistes des résidants et commerçants d’un quartier. En 2006, cette compagnie artistique a fait le pari d’injecter de l’art dans le quotidien de la population locale. Comment? «L’idée, confie Catherine Lalonde, directrice artistique de la jeune compagnie, était de créer des espaces de proximité et de rencontres dans un quartier, où créateurs émergents réalisent des œuvres en étroite collaboration avec les résidants. C’est une manière pour nous de valoriser nos communautés.»
Péristyle Nomade est nourri par l’implication profonde de sa directrice artistique dans la coopérative Touski, le café. Récemment, elle a rassemblé autour d’elle des artistes qui partagent les valeurs d’autogestion et de responsabilisation locale et sociale des communautés. «L’aventure Touski a changé ma relation aux arts et aux publics, confie la pétillante directrice artistique. Ça m’a permis de croire aux impacts réels que peut donner un lieu de rencontre entre résidants et à l’importance pour une communauté de valoriser son appartenance à un milieu. Ce n’est pas un hasard aujourd’hui si le quartier général du Péristyle Nomade est au café Touski.»
Installé dans le quartier Centre-Sud de Montréal, ce péristyle* moderne prend place – provisoirement – dans différents lieux de l’arrondissement. Au gré des projets, il suscite la participation des artistes et créateurs de la relève qui puisent leur matériel dans la vie du quartier. La rencontre avec les résidants et les commerçants est alors un élément essentiel de leur démarche de création. Des plateformes d’actions artistiques sont ainsi créées en relation avec la population environnante.
«Nous proposons une autre façon de faire avec la communauté, ajoute Catherine Lalonde. Les gens du quartier sont régulièrement invités à participer à nos propositions artistiques ou à nos actions écologiques.» Avec le projet Commandos 2361, le premier projet d’envergure du Péristyle Nomade, les artistes ont réussi, avec tact et persévérance, à initier un dialogue avec la collectivité. En quelques mois, ils ont su s’insérer dans le paysage du Centre-Sud de Montréal. «Pour ce projet, le temps a été notre meilleur allié, confie Catherine. Notre défi était de tisser des liens avec les commerçants et de mobiliser les acteurs communautaires.»
Le projet Commandos 2361 propose une série d’actions exécutées par des artistes émergents qui vont à la rencontre de la population locale. «Un des objectifs du Péristyle Nomade est d’apprendre aux artistes de la relève à travailler dans des cellules autogérées», précise la directrice artistique. Ainsi, chaque artiste a la responsabilité de mettre en place et d’organiser son Commando. Ils sont quatre artistes pour quatre Commandos. Tous travaillent à léguer au quartier Centre-Sud des œuvres éphémères ou durables. Sculptures et glaçages au sucre, vidéos et entrevues dans les rues, promenades et photographies urbaines, peintures de paysages à la chaîne… Il y en a pour tous les goûts et pour tous les publics. En plus, les lieux de rencontre et de médiation proposés constituent pour les artistes des espaces propices aux métissages créatifs et aux approches multidisciplinaires.
«Le projet Commandos 2361 répond au besoin de visibilité des artistes régionaux et permet à la collectivité de participer à un projet social qui développe son sentiment d’appartenance à une culture, rappelle Audrey Beauchemin, artiste du Commando Usine à Paysage. La mission fondamentale de mon Commando, ajoute-t-elle, est d’initier des rencontres, de démystifier le travail de l’artiste et d’éduquer par l’expérience et l’immersion.»
Pour Usine à Paysage, une résidence temporaire a eu lieu dans un local commercial de la rue Ontario – gracieuseté d’un partenaire communautaire. Apprêté, repeint et mis en valeur par l’artiste et ses acolytes, ce lieu a suscité une participation soutenue. Les gens du quartier sont passés, ont peint et participé. Des artistes de toutes disciplines se sont retrouvés, ont échangé et exploré de nouveaux territoires. Il y a eu même des propositions artistiques inattendues qui se sont greffées au Commando d’Audrey Beauchemin et qui ont enrichi l’espace d’échanges créé par l’Usine.
Les œuvres finales du projet Commandos 2361 ont été présentées lors de L’Écho d’un fleuve, événement d’art urbain qui a eu lieu au cœur du quartier Centre-Sud les 13, 14 et 15 juin dernier. Cet événement aux allures de fête célébra la coopération des résidants, des artistes et des partenaires communautaires dans la vie culturelle du quartier. «Au final, ajoute Catherine Lalonde, la réalisation de ces projets aura permis à la collectivité et aux artistes de voir le travail coopératif et la diffusion des arts autrement.»
Les quatre Commandos:
- Cohésion et autres tentatives de Danny Gaudreault;
- Conscience urbaine de Fanie St-Michel;
- À qui mieux mieux! de Sonia Martineau;
- Usine à Paysage d’Audrey Beauchemin.
*PERISTYLE: n.m. – XVIe; gr. Peristulon. Colonnade entourant la cour intérieure d’un édifice ou disposée autour d’un édifice (source: dictionnaire Le Robert)
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