Richard Nicol – Janvier 2007
Un théâtre de création engagé dans sa communauté
Le Théâtre des petites lanternes est né du désir de rapprocher le théâtre et la collectivité. Il lie la création artistique aux enjeux de société. Enraciné en Estrie, il rayonne sur le territoire du Québec, en Amérique francophone, en République démocratique du Congo, en France et bientôt en Chine!
Une méthode originale : le réseautage

Sylvia Rolfe, directrice des liens avec la communauté, a particulièrement œuvré au développement de cette méthode originale. Quelques mois avant la venue d’une pièce de théâtre, plusieurs réseaux d’une localité ou d’une municipalité régionale de comté sont contactés. Trois rencontres préparatoires ont ensuite lieu pour donner de l’information, échanger sur l’utilité de la création théâtrale dans leur milieu et discuter des moyens de s’impliquer sans se surcharger.

Nous avons posé trois questions à Angèle Séguin, auteure et metteure en scène, directrice artistique et générale du Théâtre des petites lanternes.
Comment percevez-vous votre rôle de médiatrice artistique et culturelle en 2007?

Ces rendez-vous peuvent prendre différentes formes. Dans toutes les créations, des segments de la population sont appelés à participer à la représentation. Leur nombre varie selon les créations. Bien avant de se retrouver sur scène, un travail de préparation rigoureux a lieu. Les participants se découvrent autrement, découvrent l’autre autrement. «Dans le jeu, à relever ce défi d’être tous sur une même scène, on se serre les coudes, on regarde dans la même direction, de nouvelles alliances se créent et on oublie les conflits!», ajoute-elle. Pour Angèle, la création est le plus puissant outil de médiation.
Quelle leçon générale retenez-vous de votre travail avec le public?
«Tout d’abord, au Théâtre des petites lanternes, la rencontre avec le public ne s’arrête pas à une discussion dans la salle; elle se fait à chacune des étapes de la création jusqu’au moment de la représentation.», affirme-t-elle. C’est une des raisons pour laquelle l’équipe consacre autant de temps au réseautage avec la communauté. Pour Angèle, ce travail de proximité est porteur de vie. «Il nous pousse à entendre, à tenir compte, à actualiser, à ne pas savoir, à créer avec, à élaguer notre travail artistique, à mettre des ponts en place pour permettre à nos artistes d’aller à la rencontre de leur personnage; bref, à travailler en toute humilité parce que les grands créateurs ne sont pas uniquement sur la scène.»
Quelle est votre expérience la plus marquante ayant eu un impact vérifiable chez les gens?
«À l’heure actuelle, il s’agit de la pièce Les lanternes oubliées ou Allégorie d’une planète en quête de lumière. Tant par sa démarche de création que par son mode de diffusion et de participation du public.», dit-elle.
Toutefois, la prochaine création, La grande cueillette des mots, c’est pas des paroles en l’air, qui sera diffusée du 14 au 18 juin 2007 à Sherbrooke, amènera encore plus loin cette rencontre avec le public. Depuis les premières heures de la création jusqu’à la représentation. «Il nous a fallu trois ans de recherche et d’exploration sur trois continents pour y arriver. Ce sont 1 500 citoyens qui, par l’utilisation d’un carnet de parole, en deviendront les écrivants!». De plus, après leur participation à une démarche préparatoire, quelques-uns d’entre eux se joindront aux comédiens lors de la représentation. «Une première pour le théâtre, pour les collaborateurs, une première en Amérique!», conclut-elle.