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Culture pour tous

Entretien avec Maxime Burgoyne-Chartrand, directeur général du Réseau intercollégial des activités socioculturelles du Québec Publié le : 25 octobre 2022

Les activités de loisir culturel font partie intégrante de la programmation des Journées de la culture. Afin de vous aider à comprendre ce qu’est une activité de loisir culturel, nous avons rencontré Maxime Burgoyne-Chartrand, directeur général du Réseau intercollégial des activités socioculturelles du Québec (RIASQ).


Peux-tu nous parler de ton parcours et de ce qui t’a amené à devenir directeur général du RIASQ?

J’ai d’abord fait un baccalauréat en action culturelle à l’UQAM, qui s’appelait jadis le baccalauréat en animation et recherche culturelles. En sortant du bac, je me suis tout de suite trouvé un emploi comme animateur socioculturel au Cégep de Saint-Laurent ou j’ai travaillé pendant environ 12 ans. En 2012, j’ai commencé une maitrise en gestion et développement des organisations à l’Université Laval pour la finir en 2018 si je me souviens bien. Au cégep, j’agissais déjà à titre de délégué pour le RIASQ, j’ai toujours cru en sa mission. Je me suis impliqué très rapidement dans le CA, d’abord comme administrateur et comme président par la suite, de 2012 à 2014. Quand une opportunité s’est présentée pour la direction générale, j’ai décidé de sauter à pieds joints. Ça fait maintenant trois ans.

 

Peux-tu nous parler un peu plus du RIASQ? Quel est votre rôle, votre mission?

En 2017, le RIASQ a été reconnu par le Gouvernement du Québec comme organisme national de loisir culturel. Notre mandat est de voir au développement du loisir culturel auprès de la population étudiante collégiale et de faire en sorte que les jeunes participent à des activités de loisir culturel. Un bon nombre d’études démontrent déjà que plus tu t’impliques dans le parascolaire, au sens très large du terme (activités sportives ou culturelles), plus tu réussis dans tes études et plus tu deviens un citoyen actif. C’est un peu ça, la mission du RIASQ. On fait de la citoyenneté si je peux dire. Au-delà du mandat du cégep de former les jeunes au marché du travail, on se concentre sur les compétences douces, les compétences du 21e siècle: l’esprit d’équipe, la débrouillardise, l’esprit critique… Ce sont ces compétences-là qu’on va chercher à développer à travers les activités culturelles. Dans cette optique-là, on fait beaucoup de choses, des événements, des activités comme Cégeps en spectacle ou le Prix littéraire des collégiens, des intercollégiaux, qui sont un peu des festivals de théâtre, de danse, de cinéma, d’arts visuels… On offre aussi un gros service aux membres:  on accompagne nos membres dans le déploiement de la culture au niveau collégial.

 

Comment définirais-tu le loisir culturel?

C’est drôle que tu me parles de ça parce que le RIASQ est membre du Conseil québécois du loisir et, avec d’autres membres, on est justement en train de travailler sur une définition. Malheureusement, c’est encore peu connu; il existe plusieurs définitions. Le loisir culturel, pour nous, c’est un peu le libre choix. Au collégial par exemple, tu n’as pas vraiment le choix dans ton programme d’études. Oui, c’est un programme que tu choisis, mais tu as l’obligation de réussir, ça vient avec des contraintes pour obtenir ton diplôme. En parascolaire, en socioculturel, les étudiants qui choisissent de faire partie d’une troupe de théâtre, par exemple, c’est un choix personnel, pour développer une passion, pour s’épanouir, pour développer certaines aptitudes, certaines compétences, volontairement ou pas. C’est plus à ça qu’on va rattacher le loisir culturel au RIASQ. C’est une décision personnelle d’occuper son temps libre en fonction d’un loisir culturel, pour se développer comme citoyen, comme être humain.

 

Parmi les objectifs du RIASQ, on retrouve la promotion du rôle éducatif des activités de loisir culturel. Selon toi, comment le loisir culturel contribue-t-il au développement personnel et collectif?

Je te dirais que beaucoup d’anciens peuvent en témoigner, moi le premier. J’ai toujours fait beaucoup d’activités parascolaires quand j’étais plus jeune et je ne serais pas la même personne aujourd’hui sans la pratique de loisirs culturels. C’est le cas pour tellement d’autres personnes. Le cégep, c’est un paquet de beaux souvenirs; c’est souvent le premier moment où on devient très autonome, on rencontre beaucoup d’amis, on socialise dans les cours, mais aussi dans les corridors, au café étudiant ou dans le local dédié à notre programme. Au collégial, ces possibilités-là sont offertes grâce au travail des Services d’animation socioculturelle qui sont présents dans chaque institution. D’un autre côté, quand on parle de l’aspect éducatif, on n’est pas juste dans la perspective de la salle de classe, mais aussi dans la perspective de l’éducation citoyenne, l’éducation au sens large. Oui à la réussite scolaire, mais oui aussi à l’épanouissement personnel et à la construction identitaire. Et c’est dans ces deux derniers créneaux que le loisir culturel en milieu collégial intervient.

 

Le RIASQ travaille principalement avec une clientèle assez jeune. Est-ce que les loisirs culturels interpellent plus particulièrement les jeunes adultes, selon toi, ou est-ce une clientèle plus difficile à rejoindre?

Un peu comme tu le dis, on retrouve vraiment deux aspects à cette question. Dans un premier temps, est-ce que c’est assez connu? Plus ça va être accessible, plus les jeunes vont participer. C’est un enjeu dans le loisir culturel, et je dirais même en culturel en général. Est-ce que la culture pourrait être mieux promue, mieux valorisée? Je crois qu’il y a du travail à faire dans ce sens-là.

Ensuite, tu me demandais s’ils sont plus difficiles à rejoindre. Ça, c’est une bonne question parce qu’on se fait dire souvent: Ah! les jeunes sont difficiles à rejoindre! Mais on est combien de travailleurs culturels pour rejoindre ces jeunes-là? C’est ça la question qu’il faudrait se poser. Dans le réseau collégial par exemple, s’il y a une seule personne qui porte le mandat du loisir culturel dans un établissement donné et qu’on sait qu’elle atteint seulement 20% de sa population étudiante, est-ce qu’il faut déduire que les jeunes sont difficiles à rejoindre ou qu’on manque de moyens pour le faire?

 

Est-ce que tu remarques des changements en ce qui concerne la motivation et la réussite des jeunes qui pratiquent les loisirs culturels? Et comment ça se manifeste?

Ça se manifeste clairement en termes de réussite éducative, ce qui va se traduire en trois sphères : la réussite scolaire, l’épanouissement personnel et la construction identitaire. Les jeunes qui s’impliquent dans une activité, peu importe leur provenance, vont mieux réussir à l’école que les autres, et ça, il y a un paquet d’études qui le démontrent.

 

Pour conclure, aurais-tu un message à ajouter pour les gens qui s’intéressent au loisir culturel ou un souhait pour le développement du loisir culturel au Québec?

Je crois qu’on a vraiment un enjeu important de promotion. On encourage beaucoup la pratique professionnelle et on accorde moins d’importance à la pratique amateure. Je crois qu’on a besoin de la mettre un peu plus de l’avant. C’est ça qui va donner accès à des métiers par la suite, ou qui va créer un intérêt pour la culture québécoise. Il faut initier les gens dans un premier temps, mais il y a encore beaucoup de monde qui ne sait pas que ça existe.

J’aimerais aussi ajouter que j’encourage le plus de monde possible à pratiquer un loisir, culturel ou non. Dans une société qui se développe avec la présence de la technologie, il est important de prendre des pauses parfois, de prendre un moment d’arrêt pour se demander ce qui me fait du bien comme être humain, qu’est-ce que je peux faire pour m’épanouir personnellement. Ce sont des valeurs quelquefois qui, sans qu’on les ait perdues, sont peut-être égarées. Et il suffit de les retrouver. C’est aussi un bon point d’ancrage pour une bonne santé mentale, où il y a beaucoup d’enjeux de nos jours. C’est sûr que de penser à soi autrement que dans une perspective de performance, ça peut faire beaucoup de bien.


Cet article a été réalisé en collaboration avec le Réseau de unités régionales loisir et sport du Québec.

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